Restauration d’une mosaïque gallo-romaine dans le Tarn-et-Garonne

L’église Saint-Romain de Fauroux et son cimetière au soleil couchant © Célia Casado

En novembre 2019, j’ai eu la chance de travailler deux semaines sur un chantier très champêtre, au sein d’une petite église, perchée sur une colline boisée. Carole Acquaviva, restauratrice indépendante en charge du projet, m’a conviée sur ce chantier plaisant, bien qu’éprouvant, dans l’église Saint-Romain de la commune de Fauroux, dans le Tarn-et-Garonne.

Mosaïque en cours de nettoyage © Célia Casado

Une mosaïque gallo-romaine, découverte au 19e siècle dans le bas du village, faisait l’objet de ce travail. En 1892, une partie du pavement a été déplacée dans le chœur de l’église Saint-Romain. Une inscription de cette époque a été incluse dans le sol, réutilisant les tesselles antiques récupérées sur le site. Elle indique les noms du découvreur, du curé et probablement du propriétaire terrien, ainsi que la date du transfert dans l’église.
La mosaïque a été prélevée par petits fragments et réinsérée dans une chape en béton.
Le seul hic, c’est que les fragments n’ont pas été reposés dans leur sens d’origine et que parfois, la place n’étant pas suffisante sur son nouveau lieu, ils se superposent… On remarque donc des zones très noires anciennement brûlées juxtaposées à d’autres zones en « bon état ». Les lignes de raccord sont visibles par des bourrelets de ciment en sur-épaisseur.
La restauration a permis de mieux comprendre la méthode utilisée par les hommes du 19e siècle pour prélever et reposer le sol et les difficultés qu’ils ont rencontrées. C’est un riche enseignement qui pousse à relativiser le bien fondé de nos interventions actuelles. Peut-être seront-elles totalement décriées dans 150 ans!

Détail d’une zone brûlée, en cours de restauration. © Célia Casado

La mosaïque présentait de nombreuses altérations qui empêchaient sa lisibilité et menaçaient sa bonne conservation.
Un voile de ciment recouvrait l’intégralité des tesselles, affadissant les couleurs. Pour raviver les couleurs, des produits type vernis ou huiles avaient été posées. Malheureusement, avec le temps et les aléas climatiques, ces produits ont fortement jauni, sont devenus collants, ont fixé la poussière et ont ajouté une couche supplémentaire en surface venant brunir et unifier la couleur du sol.
Des nettoyages successifs à l’aide de solvants et par action mécanique tesselle par tesselle ont permis de retrouver les couleurs et les contrastes, révélant ainsi le décor géométrique et floral.



Les joints avaient été réalisés en plâtre au 19e siècle. Outre leur aspect très blanc altérant la qualité esthétique du pavement, ils n’assuraient plus le maintien des tesselles. Tous les joints en plâtre ont été retirés au micro-percuteur, provoquant une instabilité temporaire des tesselles non adhérentes à la chape en ciment.
Il a donc fallu tout refixer et poser un nouveau joint en chaux teintée. Un dernier nettoyage de surface, et voilà le travail ! Les motifs sont redécouverts, l’inscription est lisible, la polychromie refait surface.

Détail après nettoyage, refixage et nouveau joint © Célia Casado
Autre détail après nettoyage, refixage et nouveau joint © Célia Casado
Vue générale après nettoyage, refixage et nouveau joint © Célia Casado

Les lacunes ont été comblées par un mortier de chaux teintée. La trame géométrique a été reprise par des lignes grises.

Merci à la commune de Fauroux d’avoir financé la restauration de cette belle mosaïque. C’est un morceau d’histoire locale qui peut s’exprimer à nouveau.
Pour l’admirer, faites un crochet par Fauroux. Vous ne serez pas déçus du détour!

Paysage environnant © Célia Casado

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